ENTRETIEN | Salon d’Automne de Paris: «Je suis l’artiste Yao Metsoko» | Art africain contemporain | Scoop.it
« Le peintre-sculpteur Yao Metsoko, né au Togo et vivant en France, figure parmi les 800 artistes issus de 44 pays présents au Salon d’Automne de Paris dont l’invité d’honneur est cette année l’Afrique. L’artiste franco-togolais travaille sur les mythes et la singularité, mais aussi sur des thèmes comme la terre, la femme ou l’esclavage et souhaite « faire le pont entre l’Occident et l’Afrique ». 

 RFI : Au Salon d’Automne de Paris, vous exposez deux œuvres « totem ». Qu’est-ce que le totem représente pour vous ? 

Yao Metsoko : […] j’ai voulu faire le pont entre l'Occident et l’Afrique. Dans le totem, la cravate représente l’Occident et les animaux-totems rappellent la terre, l’enracinement aux traditions. Nous sommes intégrés dans le monde contemporain moderne, mais nous devrions garder un lien avec nos totems sacrés.
[…] La tortue est la capacité d’adaptation, l’adaptabilité au monde. Ce qui est intéressant dans cette façon de travailler, c’est de faire le lien, de faire le pont entre les différents univers, entre le passé et le présent, entre les traditions et la modernité, et puis entre les différents courants artistiques. J’aime les passerelles entre ces différents univers qui font que l’humanité continue à être ce qu’elle est. […] 
Il faut appréhender un dialogue avec nos traditions. J’essaie de réactualiser ces univers et d’utiliser un langage contemporain pour m’approprier ces traditions ancestrales. Après j’essaie de trouver un langage esthétique, un langage pictural pour créer des passerelles. Encore aujourd’hui, on a besoin de ces traditions ancestrales dans lesquelles sont appréhendées des règles de vie et des lois qui peuvent nous guider dans ce monde qui semble parfois tomber dans la perdition. […] […] 

RFI : Êtes-vous passé par une école des beaux-arts ? 

YM : Je n’étais pas à l’école des beaux-arts. Je me suis formé moi-même, par mes recherches personnelles, mes lectures et mes connaissances livresques. Et puis, j’avais quand même comme phare un grand artiste togolais qui s’appelle Glem Lawson qui travaillait avec des perles, qui m’a donné quelques repères. Il y avait aussi un autre phare, Marc Chagall, dont j’ai découvert une rétrospective à Londres, en 1984. Cela m’a complètement bouleversé. […] 

RFI : Vous avez plusieurs thèmes de prédilection, dont la terre, la femme et pour aborder le thème de l’esclavage des Noirs, vous avez conçu des portraits de femmes nues. Pourquoi ? 

YM : J’ai commencé à travailler sur l’esclavage à partir de 2005. […] C’est vrai, dans mes œuvres sur ce sujet, les femmes sont souvent nues, mais c’est la réalité de ce que se faisait à l’époque. Quand on avait capturé les gens, on les prenait en les humiliant. […] Il y a un tableau que j’ai appelé Le Viol de mon intrinsèque. On y voit une femme en train de prier et à laquelle on arrache un enfant du ventre. C’est la réalité de cette époque. Pendant qu’on violentait les gens, on leur demandait d’accepter leur sort, parce qu’il y avait une volonté de les « civiliser ». » […]

> Extraits de l'entretien conduit par Siegfried Forster publié sur rfi.fr à retrouver en intégralité sur http://rfi.my/2doOXuZ