La galerie Cécile Fakhoury présente la première exposition personnelle de l’artiste ivoirien Yéanzi, intitulée "persona" [« Masque, personnalité empruntée, personnage imaginaire »]
Yéanzi (né en 1988) vit et travaille à Bingerville près d’Abidjan. Cet environnement rural est son atelier. Diplômé en peinture et en photographie, Yéanzi a travaillé comme portraitiste de commande pendant une dizaine d’années.
Depuis 2013, il poursuit un travail personnel en utilisant la matière plastique qu’il fait fondre. Il modifie ainsi son rapport au portrait, peindre sans peinture les personnes qui l’entourent au quotidien. Dans cette démarche, il collecte les histoires de chacun, il utilise leur nom d’emprunt comme titre, leur identité remarquable, le masque qu’ils portent en société, pour révéler leur personnalité en filigrane.
Á l’extérieur, au quartier, il cherche, rencontre, écoute, il collecte les histoires qu’il réinterprète à travers ses œuvres. Il capte des séquences, il cadre un regard, une attitude, un corps dans un mouvement. Il peint ces portraits, ces figures et silhouettes qui appartiennent à son quotidien. Ce réseau social proche et tangible est un point de départ. En premier lieu, il remarque la personne, puis il glisse vers sa personnalité. Se focalisant sur l’image qui s’active en chacun de nous, qui s’exprime dans le dialogue avec l’autre. Ici c’est un surnom porté qui donne un rôle, le pseudonyme qui permet de se distinguer des autres membres du gang. Ce blase, ce faux nom avec lequel on tente de se construire un destin, au moins aussi bien que le message qu’il illustre.
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Yéanzi utilise leur témoignage, il consigne leur histoire sur une toile recouverte de coupures de journaux, sur des bribes d’actualités qu’il peint en couches successives, passages, tumultes, estompes. Une peinture sans pinceau. Par le feu, la matière plastique se fait couleur, contrainte à se transformer, à endurer les passages de la flamme et à déposer un peu de sa matière sur le support. Des contours comme pour percer à jour le mystère de ce qui nous donne la force de se redéfinir constamment. L’action de semi-combustion agit comme un balancement entre la pensée et le corps. Ce qui se perd, ce qui résiste, ce qui s’imprègne.
> Extrait de la présentation de l’exposition sur http://cecilefakhoury.com/