PHOTOGRAPHIE | Poku Cheremeh, le Ghanéen qui détourne des peintures flamandes pour en faire des œuvres 100% africaines | Art africain contemporain | Scoop.it

"Pas encore diplômé des Beaux-Arts de Paris, ce plasticien ghanéen de 24 ans attire l’attention des professionnels avec des œuvres inspirées de la peinture flamande. 


[…] Au premier abord, on croit faire face à un tableau, et des plus célèbres, puisqu’il s’agit de La Laitière, peinte (…) par le maître hollandais Johannes Vermeer. […] En y regardant de plus près, on constate qu’il s’agit d’une photographie ; qu’au premier plan, des ignames aux formes généreuses ont remplacé la miche de pain ; que la femme est en fait un homme ; qu’il est noir de peau et que le lait qu’il verse ne sort pas d’une cruche mais d’une noix de coco. Le tout dans ce clair-obscur si cher aux peintres flamands. […] 


L’étudiant en cinquième année à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris reçoit à Saint-Germain-des-Prés, dans son atelier aux dimensions de hall de gare […]. L’artiste est peu disert sur son art. Il explique seulement qu’il travaille sur une installation prévue pour le printemps prochain, lors de l’édition du festival 100 % organisé au parc de la Villette, […] : la reconstitution grandeur nature et « en matériaux inattendus » de la chambre qu’il occupe dans le 14e arrondissement. […] « Je veux exprimer l’histoire de ma vie, ce que je vis et ce que j’ai vécu », déroule Poku, en fil rouge de son œuvre. 


[…] Né à Accra, il entre à l’International School of Paris pour ses années de collège et de lycée. Puis il décide de suivre une formation artistique […] Ses collages lui permettent de se raconter des histoires. Ses coups de fusain énergiques, d’exprimer sa colère. Il découvre les courants artistiques du nord de l’Europe, les expressionnistes allemands, les baroques flamands, dont les jeux d’ombre et de lumière le fascinent. […] 


Obscur objet de son plaisir, bien éloigné des couleurs chaudes de cette Afrique qu’il connaît peu. Et quand il cite un artiste du continent, il parle d’Otobong Nkanga, la performeuse nigériane qui a supervisé ses études et qui vit depuis longtemps déjà… entre Paris et Anvers. […] 


[…] Une fois son diplôme en poche, (…) Poku aurait bien sillonné l’Afrique, pour la découvrir enfin. Il a postulé pour une résidence à Dakar, mais la boussole d’un destin têtu indique une fois encore le Nord. C’est donc à Maastricht, aux Pays-Bas, qu’il va poser ses valises (…) pour un an de recherches autour de Jan Van Eyck qui, au XVe siècle, révolutionnait l’art du portrait avec un réalisme minutieux et dans ce clair-obscur qui plaît tant au Ghanéen." 


> Extraits de l’article de Olivier Caslin publié sur jeuneafrique.com à retrouver en intégralité sur http://bit.ly/2lDxtPz ;


>> Illustration : Poku Cheremeh, The Houseworker, 2015 (source : www.laconvocation.fr/portfolio/nana-poku-cheremeh/)