[…] « La façon africaine de se plaindre, c’est juste un mouvement de la bouche. Vous ne dites pas de mot, vous produisez juste un son », explique l’artiste nigériane, qui expose jusqu’au 30 juin à la galerie In Situ, à Paris. Les heures de vocalises que diffusent deux sphères en béton installées dans la galerie ne sont qu’un aspect d’un travail pluridisciplinaire de l’artiste portant sur les questions environnementales et les modes de vie qui en résultent.
[…] Après s’être formée au dessin au Nigeria, puis à l’Ecole des beaux-arts de Paris, la jeune femme décroche un master dans les arts de la performance à l’école DasArts, à Amsterdam. C’est là qu’elle explore les potentialités du corps et de la voix. « Nos gestes sont liés à des actions quotidiennes. On nous a enseigné toutes sortes de manières d’être, poursuit-elle. […] Il suffit de déconstruire ces gestes, faire un pas de côté pour que tout change. »
Le dessin, d’une redoutable précision, sonne comme un prolongement de cette gestuelle. […] Dans les œuvres qu’elle expose à la galerie In Situ, des fils énigmatiques semblent aussi bien relier que blesser les personnages.« Nos connexions sont douces et amères. Tout est affaire de négociation permanente, explique-t-elle. Je suis intéressée par le point de jonction, ce qui nous relie et non qui nous divise. »
Ailleurs des photos témoignent de ses préoccupations écologiques. […] Ses gouaches et photos mettent en scène une Afrique spoliée. Ses performances interrogent le poids des coutumes et la place de la femme. Pour autant, on ne décèle chez elle nulle rancœur recuite. […]
Otobong Nkanga a su aller de l’avant, sans à-coups ni coups de force. Elle est invitée par les biennales du monde entier […] Bien qu’installée à Anvers […], l’artiste n’a pas rompu avec le Nigeria, où elle n’exclut pas de repartir vivre. Il est des choses qu’elle ne trouve que là-bas, la terre rouge, une certaine lumière, des matériaux particuliers. A chaque aller-retour, le processus d’adaptation est le même : « Je m’ajuste au rythme, je ralentis certaines choses, j’en accélère d’autres. » […] »
> Extraits de l’article de Roxana Azimi publié sur lemonde.fr à retrouver en intégralité en cliquant sur http://bit.ly/28JIcUf