ENTRETIEN | Sonia Recasens : une commissaire d'expo en marge | Art africain contemporain | Scoop.it

L’exposition Cosmogonies présentée à la Galerie Arnaud Lefebvre (8 janvier – 7 février 2015) était la première exposition en solo de la jeune commissaire d’exposition Sonia Recasens. (…) une rencontre entre trois univers artistiques : Hessie, Kapwani Kiwanga et Myriam Mihindou, qui questionnent les notions de temporalité et de spiritualité. Entretien avec IAM Magazine.

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« IAM : Pour Cosmogonies, vous proposez un dialogue entre les œuvres de Hessie, Kapwani Kiwanga et Myriam Mihindou. Comment avez-vous opéré le choix des artistes ? […]

 

SR : Née en 1936, Hessie est une artiste jamaïcaine, qui a pérégriné entre Cuba et New-York avant d’atterrir à Paris, en 1962. […] Elle a réalisé le cheminement classique des artistes travaillant le textile dans les années 1970- 1980, qui ont réhabilité et révolutionné ce medium, décloisonnant les catégories artisanat/grand art, pour ensuite disparaître de la scène artistique. Cela fait une quinzaine d’années que son travail n’avait pas été exposé. […] Hessie est une artiste autodidacte dont l’œuvre est singulière, et qui a son propre vocabulaire et son propre univers. Son langage plastique est aussi modeste que complexe : elle utilise des matériaux ordinaires voire pauvres (coton, fil, aiguilles), pour mettre en forme des constellations de signes énigmatiques.

 

Je connaissais déjà le travail de Myriam qui faisait partie des corpus d’œuvres de mes deux mémoires de recherches universitaires – Les artistes femmes de la diaspora africaine des années 1990 à nos jours et La ritualisation du corps dans l’œuvre de Myriam Mihindou et Ingrid Mwangi. Myriam Mihindou est une artiste qui a mis du temps à s’imposer sur la scène artistique française. C’est le cas typique d’une artiste dont le travail est puissant, mais qui ne correspond pas aux tendances de l’art contemporain, plutôt conceptuel. Ses œuvres sur le corps sont à la fois très fortes, perturbantes et profondes avec des degrés de lecture différents. Le triptyque photographique Caissons d’argile (2000-2014) est une œuvre puissante sur les mémoires vives du corps. […]

 

Kapwani Kiwanga, canadienne d’origine tanzanienne, est basée à Paris, après avoir vécu en Angleterre. Elle a suivi un cursus universitaire d’anthropologie et de religion comparée, et réalisé des documentaires […]. Elle intègre (plus tard) […] le programme de recherches de l’école des Beaux-Arts de Paris. Sans la prétention de se définir en tant qu’artiste, elle développe peu à peu un moyen d’expression qui lui est propre, et explore ses champs de recherches en croisant méthodologie, anthropologique et langage plastique. Elle se réapproprie et interroge des rituels qui ont fait l’objet d’études, qu’elle va mettre en parallèle avec les récits de l’Histoire, afin de perturber la hiérarchisation des savoirs ; et ce avec une fascination pour les traditions populaires, les récits oraux et les mécanismes de croyance. […].

 

C’était une évidence pour moi de monter une exposition avec ces trois artistes. […] Je souhaitais mettre en évidence la diversité de la création des artistes femmes de la diaspora, qui ne se résume pas qu’à un seul univers. C’est ensuite à travers des séances de discussion avec les artistes et en présentant le travail des unes aux autres que se sont dégagés les axes de réflexion. […] »

 

> Extrait de l’entretien réalisé par Virginie Ehonian publié sur iam-africa.com à retrouver en intégralité en cliquant sur le titre ou sur http://bit.ly/1RMNwYx